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Médias : Les quatre enseignements de la presse écrite privée au Niger!

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Les textes issus des Etats généraux de la Communication de 1992 se voulaient moins contraignants pour permettre l’éclosion d’une certaine pluralité de la presse. C’était le premier faux pas ! Par ce fait, l’édition des journaux est devenue le seul secteur professionnel non protégé qui est envahi par du tout-venant. Voici, selon moi, les quatre conséquences ou enseignements tirés de cette erreur.

Premier enseignement : le faux fuyant du respect de la périodicité.

Le respect de la périodicité n’est pas forcément un indicateur de bonne santé financière pour un journal. Des journaux parmi les plus réguliers ont aujourd’hui disparu du paysage médiatique nigérien. Où sont L’ÉVÉNEMENT (tous les mardis et jeudis), LE REPUBLICAIN (tous les jeudis), LE DÉMOCRATE (tous les lundis), LE PAON AFRICAIN (tous les mercredis); HASKÉ,  ALFAZAR (premier quotidien privé), TRIBUNE DU PEUPLE, ALTERNATIVE, PERSPECTIVES, LE KAZEL et j’en passe…? C’était là, les titres les plus réguliers qui étaient parus pendant des années et qui avaient connu leurs heures de gloire. Où sont-ils aujourd’hui ? Les impayés au niveau de l’imprimerie ont eu raison de certains ; d’autres ont mis la clé sous le paillasson car n’arrivant pas à mettre le personnel dans les conditions optimales nécessaires au fonctionnement d’une véritable entreprise de presse ; les impôts ont eu raison des quelques autres ; et pour certains, c’est la disparition du fondateur qui est à l’origine de la cessation de parution.

Un bon organe de la presse écrite privée qui respecte sa périodicité, possède un personnel qualifié avec des bonnes conditions de travail et qui publie des articles d’intérêt public coûte chèr…très chèr même. Ce qui nous amène au deuxième enseignement.

Deuxième enseignement : la régularité a un prix que ne saurait compenser les seules ventes du journal

– la publicité est quasi-absente ou sectaire (les rares sociétés font des annonces par accointance et rarement dans un journal qui ne soutient pas le système);

– les abonnements sont rares ou sont captés par des obscures agences qui abonnent clandestinement les titres sans se référer à leurs administrations ;

– le montant allouer chaque année par l’État au titre du Fonds d’Aide à la Presse est dérisoire et les conditions de son accessibilité souvent subjectives.

Conséquence : ceux qui n’accèdent pas à la publicité croulent sous les dettes d’imprimerie. Ils finissent par lâcher prise en ne respectant plus leurs périodicités dans un premier temps, avant de disparaître complètement ou de faire des publications uniquement en ligne. Rares sont, parmi ceux qui résistent encore, ceux qui vivent uniquement de leurs ventes. Certains opèrent comme des véritables gangsters vivant de rackets, de chantages, de dessous de table…

Une petite anecdote pour comprendre l’état de déliquescence de notre presse écrite privée. Il y avait un titre dont le promoteur, aujourd’hui décédé (paix à son âme), n’était pas journaliste et ne savait pas écrire (c’était ça l’un des problèmes causés par les Etats généraux de la Communication de 1992), mais payait des journalistes, tous aussi tordus que lui, pour produire des articles sur la base des documents et même des vidéos qu’il arrivait à obtenir par des moyens dignes d’un mafioso. Tous les promoteurs de journaux privés de cette époque, et même au-delà, connaissaient le modus operandi de l’individu mais personne ne levait le petit doigt pour dénoncer ses agissements. Il faut dire qu’il existait une espèce de loi d’omerta dans le milieu qui faisait que personne ne critiquait le business de l’autre, aussi sale soit-il, chacun s’occupant de son propre trafic. Ceux qui osaient le faire étaient crucifiés, taxés de jaloux et d’anti confraternels. Ce promoteur de journal faisait chanter des douaniers, des opérateurs économiques, des hommes politiques…

Pour lui, le journal ne devait répondre qu’à un seul objectif : se faire du pognon autrement que par les abonnements, la vente ou la publicité. Lorsqu’il avait un pigeon à plumer, il imprimait des centaines d’exemplaires, les conservait dans une malle fermée à clé et s’arrangeait pour qu’un exemplaire parvienne à la victime qui paniquait et était prête à tout pour empêcher la diffusion du journal, quitte à payer au prix fort. Les exemplaires de la malle sont entièrement détruits s’il parvenait à un accord avec sa victime, ce qui arrivait généralement. Autrement, et c’est un fait rare, le titre était mis en vente, se faisant arracher par des lecteurs avides de sensationnel et ruinant la carrière d’un fonctionnaire, d’un opérateur économique ou d’un politicien. Il avait un large éventail de clientèle au vu de la mentalité de  » la chèvre broute là où elle est attachée » de certains nigériens et de la libido incontrôlable de quelques autres. Ce promoteur de journal hors normes n’avait pas fait long feu. Beaucoup pensent qu’il a été « waké », une histoire de partage de gains de chantage ayant mal tourné avec un expatrié !

Il existe toujours dans le milieu d’autres petits diablotins qui s’adonnent à des petits trafics mais qui couvrent leurs activités d’un semblant de légalité en publiant, des fois, des articles qui ne suintent pas la commandite ou l’extorsion de fonds.

Il est important de noter que ce promoteur de journal, aujourd’hui disparu, était tombé comme un cheveu dans la soupe car il venait d’un secteur qui n’avait rien à voir avec le journalisme. C’est un des problèmes de notre presse écrite privée : tout le monde peut créer un journal au Niger s’il a les moyens du tirage d’un numéro (200000 FCFA à tout casser) en déposant juste une déclaration de parution au tribunal. Un boutiquier, un vendeur de thé, un taximan (j’ai beaucoup de respect pour ces professions)…peuvent s’arranger pour avoir leur propre titre d’infos générales. Il leur suffit simplement de trouver un « nègre » ayant fréquenté une quelconque rédaction pour assumer la direction de la publication et le tour est joué !

Re conséquence : des titres au rabais qui ne peuvent pas concurrencer ceux des autres pays de la sous-région en termes de poids financier ou même de qualité rédactionnelle.

Troisième enseignement : Au Niger, aucun titre ne survit au décès de son fondateur.

Des titres, moins réguliers certes, ont disparu des radars après le décès de leurs fondateurs : LE SOLEIL (Moulaye), LE REGARD (Touré), LE RENOUVEAU (Aïchatou Hamitou), LE FILET (Mamoudou Maïga)…et bien d’autres parmi les plus anciens. C’est parce que la plupart de nos journaux ne sont pas conçus comme des véritables entreprises de presse mais comme des boutiques ambulantes où tout se tient dans le cartable du fondateur : le personnel, le siège, les finances, les tampons…C’est une affaire de  » Kayan Miya – KM » (condiments) pour les initiés.

Quatrième et dernier enseignement : un titre qui ne paraît pas pendant des années peut, du jour au lendemain, sortir des numéros tant que son fondateur continue de rouler sa bosse dans cette vallée de larmes. Il y a les journaux qui paraissent circonstanciellement en faisant  « des coups » et ceux qui sortent « selon l’humeur du patron »…

J’allais oublier…il y avait aussi les faux titres créés uniquement pour capter les publicités d’une institution financière sous-régionale. Cette dernière avait, depuis, suspendu la publication de ses annonces dans la presse écrite privée nigérienne depuis qu’elle s’était rendue compte de la supercherie orchestrée par une nébuleuse agence de communication.

Bref, on en a vu et on continue d’en voir de toutes les couleurs dans le milieu de la presse écrite privée au Niger. Il faut ajouter que tous ces manquements se faisaient au vu et su de l’organe de régulation et des tribunaux des pairs dont les membres arrivaient à tirer leurs épingles du jeu, peut-être, de ce désordre.

Ce sont là quelques enseignements peu flatteurs certes, tirés d’une longue expérience, qui peuvent servir aux étudiants intéressés par l’histoire de la presse écrite privée au Niger et de pistes de réflexion pour ceux qui voudraient créer un journal. Les documentations sont disponibles au niveau des Archives Nationales où sont conservées des exemplaires de tous les titres de la presse écrite privée parus un peu avant l’ouverture de notre pays au multipartisme, pendant et après la Conférence Nationale Souveraine de 1991, sauf ceux, bien sûr, qui ont été détruits par leurs promoteurs qui s’étaient fait payer.

Alassane AGUELASSE Journaliste – ancien caricaturiste – Communicateur

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Média : Le Plan d’action de la Plateforme des journalistes nigériens pour la Nutrition approuvé au cours d’un atelier

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Le jeudi 27 février 2025, la plateforme des journalistes nigériens pour la nutrition (PJ2N) a organisé avec l’accompagnement de son partenaire Action contre la faim (ACF Espagne), l’atelier de validation de son plan d’action pluriannuel 2025-2027.

L’activité tenue au bureau de ACF a été présidée par la Directrice de la Nutrition par intérim en présence du Directeur Pays ACF ainsi que les représentants des ONGs nationales et internationales.

 Fruit d’un long processus d’élaboration, ce plan d’action pluriannuel décline une vision claire et des objectifs à atteindre par la plateforme d’ici 2027. Il constitue un outil stratégique qui aide à guider les décisions et à mesurer les progrès au fil du temps.

Au cours de son intervention, la coordinatrice de la PJ2N a remercié Action Contre la Faim pour les multiples soutiens grâce au partenariat solide depuis la création de la plateforme. Elle a aussi exprimé sa gratitude au Directeur de la Nutrition et son équipe pour l’accompagnement et les conseils.

En marge de cette activité, le secrétaire général de la PJ2N et celui du réseau des jeunes leaders pour la nutrition ( REJEELNU) ont présenté les deux organisations aux participants.

Les échanges fructueux tenus à l’issue de cette journée de travail ont permis de formuler des recommandations mais aussi et surtout de mettre en place une task force multi acteurs ( DN, ACF, ONGs partenaires) qui va continuer à enrichir le document.

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Interview : RAJEF : Une nouvelle plateforme des journalistes francophones dédiée à l’environnement !

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En prélude au lancement des activités de la nouvelle plateforme des journalistes francophones dédiée aux questions de l’environnement, notre rédaction s’est entretenue avec le président du Réseau Africain des Journalistes Environnementaux francophones (RAJEF). Dans cette interview, Juste Edgard AGBANOU revient sur les raisons ayant suscité la mise en place de ce cadre, les objectifs assignés et surtout la contribution attendue des journalistes francophones sur cette thématique.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Juste Edgard AGBANOU, journaliste environnemental bénino-togolais freelance et Président du RAJEF (Réseau Africain des Journalistes Environnementaux Francophones). Je suis passionné par les enjeux environnementaux, je travaille à informer le public et à sensibiliser sur les défis climatiques et la protection de la biodiversité.

  Parlez-nous de l’historique  du RAJEF?

Le RAJEF est né d’un constat simple : Après avoir bénéficié de la bourse de formation en journalisme environnemental de Mongabay Afrique, nous avons ressenti un besoin criant d’appartenance à une communauté dédiée. Un espace où partager nos expériences, nos connaissances et nos défis. Face à l’absence d’un réseau francophone solide, nous avons décidé de prendre les choses en main. Le RAJEF est donc né de cette volonté de créer un lieu d’échange et de collaboration unique, où les professionnels de l’environnement peuvent se former, s’informer et agir ensemble.

  Qu’est-ce qui a motivé la création d’un tel réseau ?

Plusieurs facteurs ont motivé la création du RAJEF. Tout d’abord, le manque d’un réseau francophone solide dédié aux journalistes environnementaux. Ensuite, le besoin d’un espace d’échange et de collaboration pour renforcer les capacités des professionnels et améliorer la qualité de l’information environnementale. Enfin, l’urgence climatique et la nécessité de renforcer nos voix pour sensibiliser le public et encourager l’action.

Quels sont vos missions et objectifs ?

Le RAJEF a pour missions entre autres de :

      Créer un espace d’échange et de collaboration pour les journalistes environnementaux africains francophones.

  • . Renforcer les capacités des membres en matière de journalisme environnemental.
  • . Promouvoir un journalisme environnemental de qualité, rigoureux et indépendant.
  • . Sensibiliser le public aux enjeux environnementaux et encourager l’action.
  • . Contribuer à la protection de l’environnement et à la lutte contre le changement climatique.

Quand, Où, Comment se déroulera le lancement du réseau ?

   Le lancement du réseau est prévu pour le 26 février 2026 à 9h30. Ce sera à l’occasion d’une réunion Zoom. Ce sera aussi le lancement de notre site internet et répertoire numérique des hommes des médias membres spécialisés dans les questions environnementales.

  Quelles sont les activités prévues ?

   Le RAJEF prévoit d’organiser diverses activités, notamment des formations et des ateliers de renforcement des capacités. Il faut d’ores et déjà préciser que le 26 février 2026 aura lieu une formation sur le fact-checking.

  • Des rencontres et des événements d’échange et de partage d’expériences.
  • Des projets de collaboration et des initiatives de plaidoyer. Etc

  Pourquoi cet engagement pour l’environnement ?

L’engagement pour l’environnement est une nécessité. Nous sommes confrontés à des défis climatiques majeurs, à la perte de la biodiversité et à la dégradation de nos écosystèmes. Il est de notre responsabilité d’abord en tant que citoyen du monde et surtout en tant que des hommes de médias d’agir pour protéger notre planète et assurer un avenir durable pour les générations futures à travers la sensibilisation, la diffusion de la bonne information, l’investigation et aussi le journalisme de solution qui nous permet de mettre en lumière les initiatives à encourager.

 Quel est votre appel pour la réussite totale de ce réseau de journaliste ? J’appelle tous les journalistes environnementaux africains francophones à rejoindre le RAJEF et à s’engager activement dans nos actions. Ensemble, nous pouvons faire entendre notre voix, renforcer notre impact et contribuer à un avenir meilleur pour notre continent et pour le monde

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